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Des fourmis au Tchad
9 juillet 2010

La piste en saison des pluies...

A qqs détails près, voilà ma journée... L'entrepreneur N. est venu me chercher à 7h15 à la maison. On est vite passé par le réparateur de pneus pour vérifications des 2 pneus de secours. Les vendeurs m'ont reconnue. Je crois que de me voir avec encore un autre Tchadien, fait monter ma cote confiance auprès d'eux. Et non, je ne suis pas une expate qui reste qu'avec des expats !

8h10, nous voilà partis pour 260km de route et ce avec pluie ! Direction le sud, direction Ba-illi. Des 260km, il doit y en avoir la moitié avec goudron, l'autre moitié, c'est le reste, des pistes en tout genre. Le goudron tranquille, un peu de musique, beaucoup de bavardage. C'est vrai qu'on ne se connaît pas du tout l'entrepreneur et moi. On n'a jamais travaillé ensemble en 5 mois. En tous cas, la première image qu'on a de lui se dissipe assez rapidement pour qu'on puisse découvrir un homme d'affaire, cultivé, motivé et qui a un peu plus le sens pratique que la majorité des Tchadiens.

Guelengdeng. Ville où le goudron s'arrête, on passe aux choses sérieuses ! Au premier poste, ils ne voulaient déjà pas nous laisser passer. Voyant une Nassara, ils voulaient nous soutirer de l'argent. J'y ai eu droit à un premier surnom « la Chinoise courte sur pattes ». Je suis pliée ! Ils ont fini par ouvrir les barrières après 20 minutes d'attente. La piste en saison des pluies commence...

Une étendue de boue intacte se présente à nous. C'est là qu'on se rend compte de pleins de choses : les apparences sont trompeuses, on pense pouvoir passer et en fait non, pas trop ; il faut vraiment un 4x4 pour passer par là ; la boue ça glisse vraiment ! Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir conduire dans la gadoue ! Puis on se rend compte aussi, qu'on doit laisser derrière nous toutes nos habitudes européennes : en Europe, on évite les flaques d'eau, ici, on fonce dedans parce que c'est le seul endroit où les pneus adhèrent au sol et que ça nettoie les pneus. En Europe, on évite de passer par le traces laissées par nos prédécesseurs, ici, on les cherche. C'est le seul moyen pour être plus ou moins certains de ne pas tomber dans un trou et surtout, on ne dérape pas. J'explique un peu mieux le dernier point : c'est comme dans les montagnes russes quand le wagon se remet dans les rails. On est un peu secoué, puis on sent que le wagon se stabilise en rentre littéralement dans les rails. Des fois, la trace laissée par nos prédécesseurs peut avoir une profondeur de 40cm ! Alors, quand les gens de N'Djam me disent « tu y es allée avec ta voiture? », j'éclate de rire ! Déjà qu'après une petite pisse de chat je m'embourbe devant ma porte, alors après une pluie digne d'une saison des pluies, TU OUBLIES ! Même si sur les 5 fous qu'on a croisés sur 120 bornes, deux étaient des véhicules dit « normaux » (un bus et une camionnette over chargée. Bon, ok, ils étaient à l'arrêt, embourbés, en train de vider leur chargement et à attendre que ça passe et que ça sèche un peu... Courage.

Le paysage. Plus on avance, plus ça devient vert. Ca me change vraiment de N'Djam où tout est sec, aride, sans vie. Après le peu de pluie qu'on a eu, par endroit, la vie et la nature reprend ses droits et du vert apparaît bichech bichech (doucement doucement). Tu crois que rien ne peut vivre ou survivre là et bien non,  une touffe d'herbe sort d'on ne sait où ainsi que la mousse.

Plus on avance aussi, plus le terrain passe de l'horizontal à une ligne d'horizon vallonnée. Ca me change aussi ! On a même eu droit à qqs côtes ! J'ai cru qu'on allait jamais passer car il y avait une pente assez raide, que de la boue ! Mais on y est arrivés ! Juste en haut, il y avait un nième poste et à celui là, on a attendu 2h30 avant qu'ils nous laissent passer. Les enfants (ainsi que tous les villageois en fait) me regardaient comme ci j'étais une extraterrestre. Intrigués, mais n'osant pas trop s'avancer. Puis après un certain temps, voyant que je n'étais pas dangereuse, ils ont repris le court normal de leur vie. Ils étaient assis par terre, juste à côté de moi en train de jouer avec un tout petit scorpion jusqu'à ce qu'un adulte l'écrase puis sont passer à un autre jeu. Avec un simple bouchon et un simple coquillage en forme de tourelle, ils se sont amusés à les faire tourner en toupille pendant au moins 1h30 ! Simple, efficace et ça les amuse pendant des heures apparemment. Ce n'est pas chez nous que ça arriverait. Tu donnes à coquillage à un gosse, il te le balance après 1 minutes dans le décor !

Roulant à du 20km/h en moyenne, nous sommes arrivés à Ba-illi vers 19-20h. La dernière partie du voyage étant encore plus stressant car la nuit était tombée. On y voyait encore moins ! Mais bon, on est tous arrivés en un seul morceau ! J'ai retrouvé les pères au Presbytère où on a mangé et puis DODO !

A qqs détails près, je crois avoir tout raconté.

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